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La mort des réseaux PMR, est-ce pour demain ?

Avec le déploiement massif des réseaux 3/4/5G, va-t-on assister à la mort des vieux réseaux PMR* ?

Imaginez un peu :

Nous sommes le 1er Janvier 2035, il est aux alentours de 6h30 du matin, la ville de Nice est endormie et les dernier fêtards, fatigués du réveillon de la veille rentrent chez eux. Il y a peu de monde dans les rues car la pluie tombe sans discontinuer depuis plusieurs semaines, dissuadant même les plus téméraires de sortir de chez eux.

Jaques est chauffeur de taxi, il aime travailler les soirs de réveillon car il sait qu’il aura des clients, il s’arrête au coin d’une rue et dépose un jeune couple aux yeux fatigués, il demande à ses passagers de faire attention en descendant car l’eau coule à flot dans le caniveau. C’est donc prudemment mais rapidement que le jeune couple s’extirpe du taxi puis disparait derrière une grosse porte cochère.

Jacques repart, l’air pensif, la météo de ces derniers jours ne favorise pas ses affaires, il rêve à des jours meilleurs lorsque soudain, le sol se met à trembler sous ses roues.

Un séisme de forte magnitude est en train de frapper la ville de Nice. Jacques, paniqué voit certains immeubles s’effondrer devant lui. La secousse dure une quinzaine de secondes, immédiatement après Jacques pense à ses proches et décide de les appeler, il attrape son téléphone et là, stupeur, son portable indique « Pas de réseau », il essaye tout de même, une fois, deux fois, trois fois, en vain…

Ce que Jacques ne sait pas c’est que le séisme a fait tomber certaines antennes relais et que l’interconnexion des réseaux, qu’elle soit par voie terrestre (fibre, ADSL) ou par voie radio (faisceaux hertziens) est coupée.

Jaques, apeuré et les yeux en larmes se souvient qu’il dispose d’une radio dans son taxi, son parton, Paul, vieux radioamateur et fan de CiBi a tenu à conserver un réseau PMR* multi-relais propre aux taxis malgré le coût des licences ANFR*.

Par chance, le réseau des taxis est encore opérationnel, certains pylônes hébergeant leurs antennes relais sont toujours debout et les batteries de secours pallient à la coupure de courant générale.

Jacques lance un appel, et là miracle, Paul lui répond, tous deux pleurent en pensant à ce qui s’est passé… quand tout d’un coup Paul lui lance : « Jacques, je ne sais pas où tu te trouves mais si tu es près de la mer, dégages vite de là on risque de se prendre un tsunami sur la gueule ! ».

Paul ne croyait pas si bien dire, en mer, une vague de plusieurs mètres était en train se former à au large…

Pendant ce temps là dans les casernes de pompiers encore debout c’est le branlebas de combat, chacun tente de s’organiser comme il le peut, mais problème, depuis quelques années les radios des différents services de secours (police, pompiers, SAMU) ont toutes migré sur des technologies 3/4/5/6G, or dans ce cas précis les réseaux de téléphonie mobiles sont quasiment tous HS… impossible de communiquer !



Le scénario ci-dessus est bien entendu une pure fiction sortie tout droit de mon imagination mais je tenais à rédiger cet article pour nous inciter à une réflexion. Ce scénario, aussi improbable soit-il pourrait pourtant s’avérer bien réel puisque Nice est classé en zone de sismicité moyenne (source : https://www.nice.fr/fr/gestion-des-risques/les-seismes)

Aujourd’hui je vois de plus en plus d’organisations migrer leurs vieux systèmes radios PMR* vers des systèmes plus « modernes » exploitant notamment les réseaux LTE (4G), c’est le cas par exemple de certains dépanneurs et aéroports.

Qu’est-ce qui pousse toute ces organisations à basculer en LTE ? Sans doute une question de coût.

En effet, en LTE la maintenance du réseau est minime, les coûts d’exploitation des réseaux sont supportés par les différents opérateurs (Bouygues, Free, SFR, Orange), pas de licence ANFR* à payer, pas d’entretien de l’infrastructure, seul un terminal, une carte SIM et son abonnement sont facturés à l’utilisateur final (exactement comme un mobile avec son forfait).

La LTE offre bien des avantages, déjà en terme de débit (possibilité de transmettre des images ou des vidéos), en terme de sécurité (réseaux difficiles à scanner/écouter), en terme de fiabilité (grâce à la redondance multi-opérateurs) et en terme de couverture (la majeure partie du territoire Français est couverte par la 3G et/ou la 4G).

Mais le gros point faible de cette technologie réside dans le fait qu’elle exploite une infrastructure informatique géante bourrée d’interconnexions, coupez certaines interconnexions et vous obtiendrez un joli réseau ultra moderne, mais complètement inutilisable !

A mon sens il serait intéressant de mixer les 2 technologies, la bonne vieille PMR pour les situations en mode dégradé et la LTE le reste du temps… (des solutions existent d’ailleurs déjà sur le marché).



Voilà j’en ai à présent terminé avec cet article, merci à toi cher lecteur d’avoir lu jusqu’au bout, j’espère que celui-ci t’invitera à la réflexion autour d’un sujet aussi insignifiant que la radio mais qui peut vite s’avérer être un outil précieux pour sauver des vies…

On est loin de s’en douter, mais pour faire un parallèle, n’oublions pas qu’il y a quelques mois, de petit bouts de papiers insignifiant baptisés « masques chirurgicaux » auxquels personnes ne prêtait attention ce sont retrouvés en une de l’actualité pendant de longues semaines…



Glossaire :

*PMR = Private Mobile Radio (ce sont les réseaux de radiocommunication couramment utilisés par les services d’urgence, taxis, dépanneurs, services de sécurité/techniques/mairies, convois exceptionnels… pour communiquer entre eux).

*ANFR = Agence Nationale des Fréquences (c’est l’agence gouvernementale qui gère l’attribution des fréquences et des licences d’exploitation du spectre radioélectrique).

*CiBi (ou CB) = Citizen Band, c’est un vieux système radio dans la bande des 27MHz libre de droit encore très utilisé par les routiers pour communiquer entre eux sur la route. Chacun dispose d’une radio ou d’un talkie-walkie qui permet de communiquer jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres.

Inondations, tempêtes, séismes… Quels risques pour nos réseaux de radiocommunications ?

Sommes-nous devenus dépendants aux réseaux de télécommunications ?

Comment assurer les communications en cas de crise ?

Il y a quelques jours en regardant le journal télévisé j’ai appris que suite aux violentes intempéries dans les Alpes Maritimes, plusieurs villages avaient été totalement coupés du monde : plus d’eau courante, plus de moyens de communications, plus d’internet et plus d’électricité !

Au-delà de l’aspect dramatique des vies humaines perdues et des dégâts colossaux que la tempête Alex a engendré, je m’interroge sur la fiabilité et la résilience de nos réseaux de radiocommunications actuels, (GSM, 2/3/4/5G, INPT…).

Devant mon poste de télévision le journaliste disait : « Les secours s’organisent et communiquent par talkie-walkie, quand c’est possible ».

Comment en arrive-t-on là ? A l’heure du tout numérique ultra-connecté, comment nos réseaux de télécommunications finissent-ils par rendre l’âme ?

La réponse est à mon sens assez simple : Plus il y a d’interconnexions et plus ces réseaux sont fragiles. Des problèmes techniques, ou bien climatiques jusqu’aux cyberattaques, les risques de black-out sont bel et bien réels.

Lorsque ces réseaux « tombent », comment assurer une continuité des communications entres les différents services de secours et certains décideurs locaux (élus / mairies) ?

Pour y pallier il existe des solutions simples, sécurisées et très rapides à mettre en œuvre :

  • Un radioamateur du secteur équipé
  • Une valise embarquant un relais radio à déploiement rapide (DMR, dPMR, NXDN, P25, TETRA, TETRAPOL, etc.)
  • Un lot de radios portatives type talkie-walkie (ou une radio satellitaire)
  • De quoi alimenter le tout (batterie[s] de voiture, groupe[s] électrogène[s], panneaux solaires…)
  • C’est tout !

De telles solutions existent déjà sur le marché et sont même prêtes à l’emploi !

Que ces solutions exploitent des communications analogiques ou numériques elles vous permettront à coups sûr de répondre à vos besoins de communications en cas de coups durs ! Et elles peuvent même vous offrir aussi un haut niveau de sécurité (chiffrement des échanges, cryptographie) pour éviter les oreilles indiscrètes (par exemple : des journalistes équipés de scanners qui chercheraient à espionner les secours)

Alors qu’est-ce que l’on attend pour mieux évaluer les risques et équiper les communes AVANT qu’un sinistre ne survienne ?

Face à la multiplication et à l’intensification des phénomènes climatiques, sera-t-on prêt à faire face à aux prochaines tempêtes en France et dans le monde ?

Je n’en suis pas si sûr…